Notice de sœur Marie Mouawad
Le 01/11/1928 Sœur Marie Mouawad est née à Zghorta d’une mère ayant la réputation d’une “femme forte” et d’un père “prêtre”, curé de paroisse - ce dont elle était très fière.
Le premier évènement de la vie de Sœur Marie, c’est que, encore bébé, la voilà qui frôle la mort. Son père la prend sur ses épaules et s’en va à pied jusqu’à Notre Dame de Saydet El-Hosn à Ehden et la jette aux pieds de l’autel, demandant à la Vierge de la guérir. Au bout d’un moment , la petite ouvre les yeux et reprend vie. Depuis, le bébé portera le nom de Marie, et celle-ci gardera toute sa vie une dévotion spéciale envers Saydet El-Hosn; elle tiendra à ce qu’on la fête toujours pour le 8 septembre fête de ce sanctuaire. Quelques années plus tard, Marie attrape la poliomyélite et garde depuis, un pied handicapé ce qui la rendra infirme toute sa vie et très fragile des os.
Jeune fille, elle tient absolument à entrer chez les Filles de la Charité. Après maintes démarches, elle est acceptée à la Communauté. Elle fait son postulat à Saint Charles et rentre au Séminaire le 27/01/1953 à Beyrouth – Achrafieh.
Placée à Zouk, elle commencera à faire la classe aux internes; mais sa Sœur Servante l’envoie deux ans plus tard au dispensaire situé un peu plus bas que la maison. Elle devra faire l’aller-retour tous les jours, et gardera en elle le désir de faire des études d’infirmière, Elle le demandera à la Communauté; et ce n’est que bien plus tard, lorsqu’elle sera à l’hôpital militaire, qu’elle réalisera enfin ce rêve.
A l’hôpital militaire où Sœur Marie a soigné les soldats et s’est attachée à eux, la guerre vient. Elle n’a jamais oublié les souffrances de ces soldats. Jusqu’à la fin de ses jours: Ils venaient, où qu’elle ait été, pour la voir, et lui donner de leurs nouvelles.
Quand les Sœurs quittent l’hôpital militaire, elle est placée pour quelque temps à Bhannes. Là, elle tombe et se casse le poignet: il a fallu opérer plusieurs fois, et sa main est restée déformée. Cela ne l’empêche pas d’être une couturière de première classe. Nous, qui l’avons connue, sommes en admiration de la façon dont elle arrivait à réaliser cela avec ses doigts tordus.
Après Bhannes, elle revient au dispensaire de Zouk où elle retrouve Sœur Leticia, qu’elle a bien connue à l’hôpital militaire, comme sa Sœur Servante. Une grande amitié les unit jusqu’à la fin de leurs jours.
Un après midi, les Sœurs vont à Bhannes, et Sœur Marie reste seule à zouk. Au retour, on la trouve tombée à la terrasse depuis un bon moment, et il s’avère, qu’elle s’est cassé le col du fémur du pied malade. De nouveau: opération, physio,...et Sœur Marie marche encore plus difficilement; cela ne l’empêche pas de reprendre son travail avec courage, avec en plus une canne pour la soutenir.
La vie de Sœur Marie a été celle d’une Fille de la Charité, aimant les pauvres, les malades et d’un dévouement illimité.
Très discrète, elle a été toujours attentive à tous. En Communauté, elle est disponible et quand elle se rend compte, que l’une ou l’autre est fatiguée elle la soigne sans même qu’on le lui demande. Après le repas de midi, elle passe un long temps à la chapelle puis se met au travail. Jamais oisive, elle se met à coudre ou à tricoter: layettes blouse, châles,... même quelques semaines avant sa mort ayant repris l’usage de ses mains elle se remet petit à petit à tricoter des châles.
Presque toute les semaines, Sœur Marie continuait à aller visiter les Sœurs aînées à Sainte Cécile et à leur porter remèdes et friandises.
L’été de 2011, la voilà chez elle en famille, pour une visite habituelle; tout d’un coup, Sœur Marie tombe atteinte d’une attaque cérébrale. Quelques jours dans le coma, elle reprend connaissance mais elle perd l’usage de la parole. A Saint Vincent de Bhannes, elle est bien soignée et récupère le mouvement des membres et malgré tous les exercices elle ne peut ni marcher ni plus du tout parler, cela sera sa grande souffrance. Après quelques mois, elle peut écrire sur une ardoise pour dire ce dont elle a besoin, et un peu plus tard, elle écrit des lettres où elle peut enfin dire tout ce qu’elle veut.
Etant au foyer Saint Cécile, la voilà un jour par terre s’étant cassé le col du fémur du pied qui est bon: alors comment espérer encore marcher ? … Après avoir été opérée, elle fait de la physio, tient à mon monter des escaliers et à se déplacer avec beaucoup de volonté. Avec courage, elle arrive à aller de sa chambre à la chapelle et entretient en elle le rêve de revenir encore à Zouk. A la mi-janvier de cette année, Sœur Marie fait un épanchement péricardique; quelques jours après, la voilà qui petit à petit s’éteint; cela est une grande grâce car elle ne se rend pas compte de la gravité de son état.
Le 29/01/2013, jour de sa soixantaine de vocation, Sœur Marie est allée fêter au ciel "60 années" bien remplies au service du Christ et des pauvres.