Notice de Sœur Yolande HADDAD (ou Sr Andrée)

(1929 – 1985)

Yolande Haddad naît à Alexandrie, non loin de la maison de la Médaille, le 16 Septembre 1929. Son père est d'origine palestinienne, sa mère est d'origine syrienne, mais ils ont pris la nationalité égyptienne. La famille comptera trois filles et trois garçons, famille foncièrement chrétienne, ayant le sens du pauvre, Yolande aura de qui tenir. Elle va à l'école chez les sœurs de Sion jusque vers l'âge de 11 ou 12 ans, époque à laquelle sa famille quitte Alexandrie pour Damas. Elle continue ses études chez nos Sœurs à Bab Tourna et, sa scolarité terminée elle y deviendra maîtresse de classe.

Tel est, rapidement esquissé, son curriculum vitae jusqu'à son entrée en Communauté. Mais autrement riches sont les témoignages envoyés sur cette période de sa vie. Ils la font revivre dans toute sa spontanéité et nous reconnaissons déjà les aspects si riches de sa personnalité.

Ecoutons plutôt:

Voici Yolande au cours de littérature, en préparation au bac. Elle s'intéresse au sujet mais trouve toujours le moyen de choisir le texte à lire, ce dont elle profite pour faire rire ses compagnes. Est-ce une des causes de son échec à l'examen? Qu'importe! Elle ne sera pas bachelière, mais ... elle sera enseignante la plus grande partie de sa vie.
Un autre jour, la voici en promenade avec ses compagnes. N'aperçoit-elle pas soudain, dans le champ côtoyant la route, de superbes melons qui se dorent au soleil. Ni une, ni deux, Yolande saute dans le champ; elle a déjà choisi et cueilli son melon. Pire encore: elle fait signe à ses compagnes de venir la rejoindre. Hélas! Sœur Lanes a vu et lui enjoint de rapporter son larcin là où elle l'a pris. C'est l'occasion d'une bonne leçon sur l'honnêteté. Yolande se repent-elle? En tous cas, elle trouve que c'est quand même dommage d'avoir remis le melon sous ses feuilles:" Le melon va se gâter maintenant qu'il est cueilli. Et Sœur Lanes de rétorquer sans ménagement:" Si vous connaissez le propriétaire, allez le lui rendre."
Le témoignage rapporté ne dit pas la fin de l'histoire, mais on imagine assez facilement une Yolande, un brin contrit, se présentant devant le maître du champ, son melon à la main.

Même spontanéité lorsque, un jour de congé, elle croise dans la rue un autobus de l'école: les orphelines partent à la cueillette des abricots. Yolande saute dans la voiture et toute la journée, en leur compagnie, cueille puis dénoyaute les fruits sans oublier certainement d'en croquer quelques-uns.

Son esprit inventif n'est jamais à court d'idées, ni non plus de moyens de les exécuter. Un certain été, à Zebdani où les anciennes vont passer une semaine de vacances, Yolande trouve particulièrement désagréable d'être, chaque jour, réveillée par la cloche, à 4h du matin. Or voici qu'un jour, à la surprise des Sœurs, la cloche reste silencieuse. Que se passe-t-il ? II faut aller voir ... et l'on découvre que le battant est tout entouré d'une épaisse couche de coton. Inutile de chercher bien loin la coupable! Et tout se termine par de francs éclats de rire ... Peut-on d'ailleurs imaginer Sœur Haddad sans entendre ses éclats de rire!
Tout cela, c'est le côté spontané, joyeux, un tant soit peu gavroche que Sœur Andrée, pour la plus grande joie de tous ceux qui l'approchent, ne perdra jamais tout au long de sa vie. C'est la simplicité d'une Yolande aussi à l'aise pour escalader un mur lorsque la porte est fermée que pour prendre plaisir aux soirées mondaines où elle brillera par son entrain et ses réparties amusantes.

Elle commence son postulat à l'Hôpital du Sacré-Cœur. Des malades ... ce n'est pas son charisme! Et chaque jour qui passe accentue son malaise, si bien que, n'y tenant plus, elle décide d'aller trouver la Sœur Servante pour lui dire ....
Et voici que le jour où elle a décidé de parler, ma Sœur Lerois la fait appeler:
"Mademoiselle, lui dit-elle, vous allez dès maintenant apprendre le détachement des Filles de la Charité. Saint Charles a besoin d'une monitrice, vous allez y partir."
Un cri de joie jaillit qui laisse Sœur Lerois légèrement interloquée:

Le 15 Mai 1953, elle entre au Séminaire de Beyrouth. On y note sa piété solide, sa générosité, son enthousiasme communicatif, mais en même temps une certaine indépendance. L'on y relève aussi la réelle influence qu'elle exerce sur son entourage.
A sa sortie du Séminaire, elle est placée à la maison Saint Joseph d'Alexandrie où elle commence un long bail de 17 années. En peu de temps, elle fait la conquête de tout le monde, Sœurs de la Communauté, professeurs, élèves de l'école. Son dynamisme est entraînant, sa gaieté enthousiasme les jeunes. Elle déborde de vie et à son contact, tout se met en marche. Chargée de l'enseignement des mathématiques dans la classe du brevet, voici qu'un jour, à son entrée en classe, on lui annonce la venue de l'inspecteur. Or, la veille, prise par mille occupations, elle a négligé la préparation de son cours. Inquiète, elle laisse échapper une exclamation à la pensée de cette inspection inattendue. D'une seule voix, ses élèves la rassurent:

En 1965, le choix unanime de ses compagnes la désigne comme Assistante de la maison et il faut relire le témoignage de sa Sœur Servante d'alors, ma Sœur Otayek:

Au milieu de toutes ses occupations, Sœur Andrée garde intense la. Grâce de sa vocation. Comment s'étonner qu'elle ait été choisie parmi les responsables du cheminement des jeunes ? Pouvait-elle ne pas communiquer la flamme qui la dévorait? La passion du service des pauvres et des plus pauvres.
Au long des années, son rayonnement n'a fait que s'étendre. Qui, à Alexandrie, ne connaît pas Sœur Andrée? Dans quel milieu n'avait-elle pas ses entrées: chez les riches près desquels elle plaidait avec tant de chaleur la cause des plus pauvres; auprès des plus démunis qui savaient pouvoir tout lui demander.
La femme du Consul Général de France ne dirait-elle pas, à sa mort: "Dès que j'ai connu Sœur Andrée, j'ai eu pour elle le coup de foudre"!

Comme le disait Sœur Otayek, au lendemain de la mort de Sœur Andrée: "Parler d'elle, c'est à la fois trop à dire et trop peu pour exprimer ce qu'elle était".


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